
Galerie commerciale, 18h30.
Une dizaine d'hommes se presse dans la boutique de la fleuriste. Visiblement répartis en deux catégories : les efficaces et les indécis. Les indécis ont le front levé, leurs regards errent parmi les fleurs, leurs gestes et déplacements sont d'une consternante lenteur. Les efficaces ont les gestes courts, précis, on sent chez eux une grande tension. Si les yeux des efficaces étaient des revolvers, les cadavres des indécis joncheraient depuis longtemps le sol de la boutique...
Au milieu de la foule, un artiste, sous le regard éberlué des indécis et réprobateur des efficaces, fait incorporer des fleurs supplémentaires à un bouquet tout fait. La vendeuse l'a pourtant averti : "ça vous coûtera deux euros de plus, pour refaire l'emballage". Mais un homme, quand ça aime, ça ne compte pas !
C'est le tour du type deux places devant moi.
– et pour Monsieur ?
– un bouquet champêtre.
– euh... qu'est-ce que vous appelez un bouquet champêtre ?
– les bouquets, là, avec marqué "bouquet champêtre" sur l'étiquette !
Eh, ho ! C'est pas parce qu'on s'y connaît pas en fleurs qu'il faut nous prendre pour des billes !
Photo : Wix
Tout cela semble révéler un certain malaise ressenti lors de cet achat. Je connais un homme qui a évacué ce malaise en ignorant cette fête. Je ne lui en veux pas.
Dominique